Productions halieutiques et aquacoles

La production mondiale de produits aquatiques augmente de manière constante depuis le milieu du XXe siècle. Les captures par pêche stagnent depuis les années 1990 avec un plafond de production aux alentours de 90 millions de tonnes alors que la production aquacole est quant à elle en croissance permanente. En 2014, la production par pêche à destination de l’alimentation humaine a été égale à celle de l’aquaculture. L’aquaculture devient donc majoritaire et devrait atteindre 57% des volumes mondiaux en 2025 selon la FAO. 56 millions de personnes travaillent dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture en 2014, pour 4,6 millions de navires de pêche, dont 75% sous pavillon asiatique.

 

Source FAO 2022 : Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture

 

Pêche

Cette pression sur les stocks sauvages peut entrainer une surexploitation de la ressource. Ainsi, au niveau mondial, la proportion de stocks surexploités est passée de 10% en 1975 à 30% en 2014. Concernant les stocks européens, la tendance récente est à l’inverse, suite aux mesures de gestion de la politique commune des pêches (PCP) diminuant les capacités de pêche par des plans de sortie de flotte et des restrictions de captures . En effet, le nombre de stocksen bon état ou reconstituables était de 63 en 2020 contre 15 en 2000, et 22 surpêchés au lieu de 52. Au niveau français cela représentait en 2020 plus de la moitié (56%) des captures débarquées.

Source Ifremer 2022 – Diagnostic 2021 sur les ressources halieutiques débarquées par la pêche française

Dans le cadre d’une gestion européenne, les stocks de poissons sont annuellement évalués par le  Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) et le Comité Scientifique, Technique et Economique des Pêches (CSTEP). En fonction des données disponibles, les scientifiques émettent des  avis sur les possibilités de captures au niveau européen pour l’année suivante, espèce par espèce et zone par zone. Ces avis sont ensuite discutés au sein de la commission européenne pour déterminer les TAC (totaux admissibles de captures). Ces TAC sont ensuite répartis entre les différents pays européens en fonction de leurs antériorités de captures, puis transformés en quotas nationaux, constituant des droits à produire, distribués aux organisations de producteurs. Une part du quota national est réservée aux pêcheurs qui ne sont pas affiliés à une OP. Contrairement à la France où la gestion reste collective, la majorité des pays européens ont développé un système de gestion par quotas individuels transférables (QIT), où le pêcheur est propriétaire de son droit à produire. L’ensemble des stocks ne sont cependant pas gérés au niveau européen et de nombreuses espèces côtières sont gérées de manière nationale ou régionale.

 

 

Source IFREMER : Comment sont gérées les ressources 

 

Les principaux producteurs européens sont l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni

Les pêcheries françaises sont très variées et peuvent être catégorisées selon leur méthode de pêche (arts trainants, arts dormants) et/ou leur méthode d’exploitation du navire (pêche industrielle, hauturière, côtière). Pour mieux comprendre ces différents types de pêche, rendez-vous sur le site de l’IFREMER. 

Les principales thématiques d’actualité sont :

–        Le Brexit : avec la mise en œuvre du PSF (Plan de Sortie de Flotte) consécutif à la la fermeture des eaux britanniques aux navires européens, on observe d’ores et  déjà des conséquences importantes sur la flottille de pêche hauturière bretonne et normande qui travaillent beaucoup dans ces eaux. Ce sont près de 90 navires de pêche français qui devront être déconstruits dont une cinquantaine de navires bretons.

–        Le renouvellement de la flottille : les navires vieillissants (26 ans de moyenne d’âge) peinent à être renouvelés, malgré un prix toujours élevé du poisson à la 1e vente qui compense la forte augmentation du prix de l’énergie.

–        Le navire du futur : de nombreuses recherches sont en cours pour imaginer le(s) navire(s) de pêche de demain, avec pour objectif : une plus faible consommation de carburant, une meilleure sélectivité, un meilleur confort à bord pour l’équipage, une meilleure valorisation des captures.

–        Le déficit de main d’œuvre : malgré une rémunération attractive, les jeunes marins sont peu nombreux à embarquer dans le métier de la pêche. Les armateurs ont donc parfois recours à de la main d’œuvre étrangère pour compenser.

Aquaculture

L’aquaculture mondiale est dominée par l’Asie, représentant près de 90% de la production d’animaux aquatiques. Les productions sont très diversifiées et concernent aussi bien les poissons que les algues, les mollusques et les crustacés. Alors que la part des produits de l’aquaculture atteint 55% de la production en Asie, elle atteint seulement 18% en Europe en 2014. Les principaux producteurs de l’Union Européenne en valeur sont le Royaume-Uni, la France, la Grèce, l’Espagne et l’Italie. Les mollusques bivalves (moules, huîtres et palourdes) prédominent en Espagne, en France et en Italie. Le Royaume-Uni produit principalement du saumon, tandis que la Grèce produit surtout du bar et de la daurade. La Norvège est le premier producteur mondial de saumon.

Source FAO, 2021 : Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture

Les modes d’élevages diffèrent complétement d’un groupe d’espèce à l’autre. Les poissons sont élevés à terre en bassins fermés ou en cages en mer nécessitant des intrants (aliments). Les coquillages, quant à eux, sont élevés en mer en milieu ouvert (sur le sol, dans des poches, sur filières, sur des bouchots…) et sont complètement dépendants des apports trophiques du milieu naturel.

Face à l’augmentation des productions aquacoles et à la limite atteinte de l’exploitation des poissons fourrages, destinés à la fabrication d’huiles et de farines de poissons, les aliments d’aquaculture sont de plus en plus « végétalisés ». En effet, la part des protéines issues de poissons sauvages au sein de l’aliment tend à diminuer, remplacée en partie par des éléments végétaux, et depuis 2017 par de la farine d’insectes. Un autre axe de recherche du secteur des aliments est l’augmentation de l’indice de conversion. Ce coefficient permet de connaitre la quantité d’aliment nécessaire pour produire 1kg de poisson. Par exemple pour le saumon, ce coefficient est passé de 4 dans les années 60 (avant l’apparition de l’aliment extrudé) à 2,45 en 1985 puis s’est stabilisé vers 1,1 en 2007 (Agreste, 2011).

Source FAO, 2017 : Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture

La France possède un savoir-faire reconnu dans l’aquaculture marine et nouvelle, notamment dans la production de juvéniles de poissons marins, mais ne parvient pas à développer significativement ce secteur malgré les politiques européennes volontaristes. Ce développement est principalement freiné par des conflits d’usage un accès au foncier littoral complexe et coûteux, et des procédures administratives parfois dissuasives.

Les principales thématiques d’actualité sont :

–        L’aquaculture multi-trophique intégrée : système de polyculture associant différentes espèces ou groupes d’espèces permettant de créer des synergies dans l’élevage. Les rejets de certaines espèces sont utilisés comme ressources par d’autres (exemple : poisson, coquillages et algues).

–        L’aquaponie et l’aquaculture péri-urbaine : tendance en développement permettant de coupler une production aquacole et une production végétale. Les rejets des poissons étant utilisés comme source de nutriment des plantes. Ces systèmes de cultures en eau recirculée peuvent être intégrés dans des zones urbaines ou péri-urbaines, au plus près des centres de consommation.

–        Les insectes et micro-algues comme source de protéines : l’intégration de farines d’insectes a été autorisée dans les aliments aquacoles depuis juillet 2017. De nombreuses entreprises sont en période de croissance sur ce marché (Ynsect, Cycle Farms, InnovafeedMicronutris…)